Qu’est-ce qu’une dépression ?
La dépression est actuellement une pathologie répandue. Elle touche un grand nombre de personnes dans le sens où l’on peut en être nous-même victime ou par l’intermédiaire de notre entourage.
Pour définir précisément la dépression :
La dépression est une maladie psychosomatique (qui associe des symptômes psychiques et physiques) due à un dérèglement de l’humeur. L’humeur est la disposition affective et émotionnelle qui conditionne la manière dont nous ressentons les événements qui normalement engendrent de la joie ou de la tristesse. Dans la dépression, le dérèglement de l’humeur ne permet plus ces alternances normales de joie et de tristesse.
On considère qu’il y a dépression selon deux critères :
1. L’humeur de la personne est durablement déréglée au-delà de 15 jours pour aller vers un état de tristesse continue.
2. Ce dérèglement de l’humeur a des conséquences sur les activités de la vie quotidienne de la personne avec un changement perceptible de son comportement.
Il existe trois catégories de dépression :
1. La dépression névrotique / la dépression psychotique
La dépression névrotique est une forme atténuée ou mineure par rapport à la dépression psychotique dans laquelle le contact avec la réalité est gravement altéré jusqu’à l’émergence d’idées délirantes.
2. La dépression psychogène / la dépression endogène
La dépression psychogène est liée à des aspects psychologiques de la personne quand la dépression endogène est liée à des facteurs biologiques.
3. La dépression réactionnelle / la dépression autonome
La dépression réactionnelle apparaît en réaction à un événement extérieur alors que la dépression autonome n’a pas de facteurs déclenchant précis.
Plusieurs auteurs en TCC ont proposé des modèles de la dépression :
1. Le modèle de Seligman
Ce modèle propose que la dépression peut venir d’une d’ « impuissance apprise » : la dépression naît non pas de l’existence d’une situation douloureuse mais de la conviction du sujet qu’il ne peut rien faire pour échapper à cette situation douloureuse. L’impuissance apprise est aussi liée à un refus d’accepter cette situation. Ici, c’est donc la lutte sans réussite contre la situation qui génère la dépression, et non pas la situation en elle-même. Ainsi, ce modèle met l’accent sur la représentation qu’a le patient de la situation, et non pas sur la réalité.
2. Le modèle de Beck
Ce modèle postule que la dépression découle de 3 facteurs :
– Les facteurs cognitifs qui conduisent la personne dépressive à percevoir le monde à travers un « filtre biaisé ». La personne ne retient que ce qui va dans le sens de sa vision (négative) des choses. Cela génère une mauvaise image de soi, une vision du monde dans laquelle les interactions sont source de souffrance et une vision de l’avenir bloquée et négative.
– Les erreurs cognitives qui sont des distorsions dans la façon de traiter les informations et donnent de mauvaises informations à la personne dépressive.
– Les schémas ou postulats qui représentent des systèmes d’organisation de la pensée limitants pour la personne.
Les modèles de Seligman et de Beck ne sont pas exclusifs. Ils peuvent coexister chez la personne dépressive. Chacun d’entre-eux peuvent être perçus comme différents processus pouvant conduire à la dépression. Par conséquent, la prédominance de l’un ou de l’autre est à prendre en considération en fonction du contexte.
En conclusion, la dépression peut comporter de multiples formes. Parmi ces formes, elle peut être soit légère et signifier un manque de motivation ou d’intérêt, soit avérée et se traduire par un manque d’élan vital, un arrêt de toute activité, une perte de confiance et de l’estime en soi voire la manifestation d’idées suicidaires. La personne se retire aussi du monde social et s’isole.
La TCC : un outil pour traiter la dépression
Il existe trois outils majeurs de la TCC pour traiter la dépression :
1. La restructuration cognitive
Pour soigner la dépression, les TCC viennent mettre en lumière les pensées dysfonctionnelles du patient et modifier/assouplir des schémas cognitifs délétères qui poussent à l’évitement et à l’arrêt de l’activité. Dans la dépression, les pensées dysfonctionnelles sont liées à une perception négative et erronée de l’environnement, des situations et/ou de soi-même. Il s’agit alors de les modifier par la prise de conscience de ces pensées et le retour à des évaluations se rapprochant de la réalité (plus objectives et plus positives). Le passage d’une pensées dysfonctionnelle à une pensée fonctionnelle passe par la rationalisation et l’intellectualisation qui permettent ensuite la restructuration cognitive.
Des exemples d’« erreurs cognitives » ou de pensées dysfonctionnelles chez le patient dépressif sont :
– L’inférence arbitraire : elle consiste à conclure à un lien de cause à effet sans preuve valable. Par exemple : « Personne ne m’a appelé aujourd’hui, c’est que je suis quelqu’un qui ne vaut rien ».
– L’abstraction sélective : c’est lorsque la personne considère comme significatif un détail qui ne l’est pas, tout en négligeant la globalité. Par exemple, dans la situation : crever un pneu et avoir une promotion professionnelle le même jour, le déprimé ne tient compte que de son pneu crevé.
– La surgénéralisation : la personne généralise toutes les situations comme négatives dés lors qu’elle vit un seul incident négatif. Par exemple, la personne peut penser : « Ma copine m’a plaqué alors je ne trouverai jamais une autre copine ».
– La minimisation et la maximisation : c’est minimiser le bien et maximiser le mal. Par exemple, la personne peut penser : « J’ai eu une promotion mais c’est vraiment sans intérêt » (minimisation). Ou, elle peut penser : « J’ai perdu mon stylo, c’est la catastrophe » (maximisation).
– L’imprécision dans le choix des mots : la personne formule les idées de façon floue dans le choix des mots qui l’amène à voir les choses de façon plus négatives qu’elles ne le sont.
– Personnaliser : c’est une situation où la personne se victimise et s’attribue à tort la responsabilité de quelque chose de négatif. Par exemple, elle peut penser : « Il n’y a qu’à moi que ça arrive ».
– La pensée dichotomique : c’est lorsque la personne ne voit que deux possibilités, soit ce qu’elle voulait mais qu’elle n’a pas, soit la catastrophe. Par exemple, elle peut penser : « Si je rate mon concours, ma vie est fichue ».
– Catastropher : tout ce qui arrive est vécu comme un cataclysme par la personne, ce qui va amplifier sa tristesse ressentie.
Il existe également d’autres types de distorsions cognitives qu’il faut repérer et modifier. C’est en rectifiant ces erreurs cognitives que l’on peut amener le patient vers la guérison de sa dépression.
2. L’activation comportementale
L’objectif principal des TCC dans le cadre de la dépression est d’aider le patient à mettre en place concrètement des solutions comportementales afin qu’il puisse se remettre en action. De ce fait, l’activation comportementale couplée à la restructuration cognitive dont nous avons parler ci-dessus sont complémentaires pour traiter la dépression.
À la suite d’une restructuration cognitive, il peut s’opérer directement un retour vers l’action grâce à de nouvelles pensées positives. La remise en route sera gratifiante et viendra revaloriser le patient au petit à petit. Ainsi, il pourra à nouveau entrer dans une boucle de rétroaction positive.
3. La résolution de problèmes
La résolution de problèmes est un outils de la TCC qui permet à la fois de supprimer l’évitement et de maintenir dans le temps l’activation comportementale dont nous avons parlé dans le chapitre précédent. En effet, si lors de l’activation comportementale, le patient déprimé vit un événement négatif, il faudra l’accompagner à résoudre le problème afin qu’il ne maximise pas l’événement négatif et continue sa remise en action dans une boucle rétroactive positive.
C’est également un outil utilisé si le patient vit réellement une situation compliquée donnant lieu à la dépression. Face à une situation « objectivement » difficile, le rôle du thérapeute est d’accompagner le patient dans sa démarche de recherche de solutions. Ainsi, le travail thérapeutique sera d’abord motivationnel puis il consistera à aider le patient à la gestion de ses émotions pour résoudre ses difficultés.
En conclusion, le thérapeute va accompagner le patient déprimé à mettre en pratique concrètement des solutions comportementales pour qu’il puisse atteindre ses objectifs :
– constater que les anticipations négatives ne sont pas systématiques ;
– constater que les conséquences sont moins graves qu’anticipées ;
– se focaliser sur les aspects positifs d’une situations, si minimes soient-ils ;
– expérimenter des solutions susceptibles de résoudre les difficultés à l’origine du problème ;
– réactiver le désir d’agir et de se battre ;
– apprendre à gérer les émotions négatives de la dépression telles que la tristesse et l’anxiété.
Pour en savoir plus
Livre
Ben J. MORRIS. (2022). La thérapie cognitive et comportementale pour les débutants. Surmonter les blessures émotionnelles et trouver la thérapie qui vous convient. Programme en 5 étapes vers un épanouissement personnel. J. Loewenstein Media GmbH.
Sites internet
https://www.etat-depressif.com/depression/definition-differents-types/
https://e-psychiatrie.fr/tcc-psy-paris/tcc-depression-paris-psy-soigner-guerir-traiter/